→ Le jour où tout s'est écroulé.
J'étais heureuse, avant. Je me rappelle bien de l'époque où je n'étais encore qu'une enfant et que tous ces problèmes me dépassaient totalement. Papa m'achetait une panoplie de robes et je me pavanais avec dans la maison, je lisais des histoires d'aventures, de rêves et de princes charmants et je passais mes journées à m'amuser. La vie n'était qu'une suite constante de jeux et, grâce à l'entreprise de jouets que possédait papa, j'en avais une tonne. Mais voilà, tout a dû changé le jour où les enquêteurs sont venus pour ma mère. Elle avait fait quelque chose de mal, très mal. On parlait même d'elle dans les journaux, on disait que c'était un monstre. Qui étais-je pour les contredire, moi qui ne l'avait vue que quelques fois durant ma vie? C'était tout de même ma mère, et ses mauvais gestes sont retombés sur moi. Papa s'est écroulé, sa compagnie a commencé à chuter avec lui et on me lançait des drôles de regards à l'école, on ne voulait plus m'approcher. Les policiers nous avait bien dit que notre identité resterait la plus secrète possible, mais tout le monde savait.

→ Le jour où j'ai évité le naufrage.
Je ne pouvais plus vivre comme ça. J'avais vécu avec les meurtres de ma mère durant une bonne partie de mon adolescence, là je n'en pouvais plus. L'université n'était qu'à quelques mois et j'étais déjà inscrite à celle de... Heaven Hill. Voilà, j'allais m'installer là-bas, quel que soit cette ville. Je pris de l'argent que papa gardait dans son bureau, ce qui serait juste assez pour faire le trajet et commencer ma vie là. Je n'étais pas très fière de le voler comme ça, mais il s'enfonçait tant dans l'alcool et la dépression que plus rien ne le touchait. De toute façon, je sais que l'ancien papa aurait voulu que je parte d'ici. Je n'étais plus bien. On me traitait de noms, on me balançait des insultes que je ne méritais pas et on avait peur de moi... ce n'était pas une vie. J'en avais assez d'essayer de cacher ma vie au grand complet, de mentir sur tout. Là où j'irai, je serai une nouvelle fille sans famille à qui tout réussit.

→ Le jour où faut gagner sa vie.
Je me suis trouvée un petit emploi pour payer mon loyer et mes études et j'ai commencé ma vie d'étudiante. Ce n'était pas aussi beau que je l'avais imaginé. Quand ma mère fut emprisonnée et que papa perdit le contrôle, la compagnie dégringola peu à peu, mais il restait bien assez d'argent pour que je me gâte. Maintenant, chaque penny était calculé et aucune dépense extravagante n'était permise. Pour moi, c'était tout bonnement impossible et il me fallait gagner un surplus d'argent, mais je ne savais pas trop comment m'y prendre. Et un jour, j'ai su. En faisant le tour de la ville, j'ai rencontré un garçon pas vraiment plus vieux que moi qui se nommait photographe. Il en faisait son passe-temps, mais semble-t-il que ça lui rapportait bien de vendre ses clichés. Il avait du talent. C'est lui qui m'est venu avec l'idée et j'ai accepté, j'ai posé pour lui contre une assez bonne rémunération. C'était ce genre de photos très artistiques où les vêtements sur le mannequin n'étaient pas nécessaires. Lui, il était fier du résultat, mais moi ça me gênait. Et plus j'y pensais, plus j'avais honte. Je lui ai fais promettre que mon nom ne serait donné nulle part et que ces photos allaient être vendues loin d'ici, qu'elles ne me retombent pas à la figure un de ces jours. Je ne voulais plus avoir aucun lien avec ça. Mais finalement, j'y pris goût. Puis, c'est un excellent moyen d'arrondir ses fins de mois.

→ Le jour où j'ai fais la pire des conneries.
J'avais bu, beaucoup trop bu. Moi, mon ami photographe et d'autres copains du milieu fêtaient le succès de mes derniers clichés, qui avaient été vendus pour un très bon prix. On s'amusait et on ne se souciait de rien, si bien que les verres s'empilaient. Mes derniers souvenirs de cette soirée s'arrêtaient au moment où on avait décidé de quitter le bar pour fêter un peu plus. Puis, je me suis réveillée et on était le lendemain matin. Je me trouvais dans le mauvais lit, le mauvais appartement, avec la mauvaise personne. Si je m'étais contenté de coucher avec lui, ça aurait pu passer. Mais voilà, j'avais une bague vachement belle au doigt, le genre de bague qu'on accepte en disant ''oui je le veux''. Sauf que moi, je n'avais pas dis ça...enfin, peut-être, je ne m'en souviens plus. C'était une grande erreur, en tout cas, et je devais régler ça. Et pourtant, en quelque part, une partie de moi ne le voulait pas autant que lui ne le voulait pas.