-Perdu dans mes pensées j'admirais inlassablement le plafond de ma chambre. Je songeais à fuir cette vie chaotique. Mes yeux se perdirent alors sur le corps nu allongé près de moi. Ida ma jeune fiancé avec qui je n'accordais aucune importance jusqu'à maintenant. Du moins je n'éprouvais pas de remords à la tromper avec son jeune jouvenceau de frère mais mon cœur avait appris à la prendre en compassion. Je soupirais inégalement avant d'allumer une cigarette. Qu'allais-je donc pouvoir inventer pour éviter se satané repas de famille avec toutes ses convenances insupportables ? Les draps se mouvèrent au rythme de son corps. La voilà réveillé. L'odeur de la cigarette avait sans doute frôler son ouïe fragile. Dommage, je la préférais endormie. "Thésée tu ne dors pas mon amour ?" Je n'aimais pas lorsqu'elle me surnommait ainsi. J'avais comme une boule coincée entre la gorge qui m'empêchait d'avaler ma salive. Avec un sourire des plus hypocrite je lui adressais aussitôt. "Ne t'inquiète pas rendors toi." Elle me sourit sans réussit noblement à détecter la pointe de lassitude dans ma voix. "Je t'aime." Difficile de prononcer ce mot alors que je ne ressentais rien pour elle. Malgré mon haut degrés de mensonge mentir sur ses paroles me serait fatale. "Dors Ida." Voilà tout ce que je réussissais à lui répondre avant de la voir sombrer à nouveau dans un profond sommeil.


-Les repas de famille. Ce que je détestais le plus au monde. Naturellement il fallait faire preuve de convenance et d'assurance face à sa belle-famille. Ma mère prenait toujours l'habitude de s'enivrer la veille pour être certaine que dans ces moments là son esprit serait apte à suivre le fils des conversations. Quand à mon père excellent acteur de renommé il faisait mine admirablement bien d'aimer son épouse comme tout bon maris sauf que cela n'était que apparence. Il avait pour habitude d'aller aguicher certaines prostituées de luxe qu'il aimait choisir avec soin. C'est dans ce genre de situation que j'aurais voulu avec une joie infime annoncé mon homosexualité et mes partis de jambe en l'air avec le frère de ma fiancé. Mais comme tout fils exemplaire qui se respecte je préférais me morfondre dans un silence de mort. Fort heureusement l'heureux élu de ces activités physiques mouvementés n'était pas présent. "Où est ton frère aujourd'hui Ida ?" Elle m'observa attentivement avant de croquer un morceau de pain entre ses dents. "Je crois qu'il est partis à une soirée. Je suis heureuse de constater que tu t’entends à merveille avec mon frère Thésée." Je riais intérieurement avant de sourire de plus belle. Seul moi pouvait comprendre l'origine de ce sourire guilleret. "Il faut bien s'entendre avec sa future belle-famille n'est-ce pas ?" Elle m'enveloppa de ses bras avant de m'adresser un doux baiser sur les lèvres. Voilà que je répugnais encore ces gestes de tendresse malgré moi.


-Un plaisir infime me picotait l'échine avant que je sombre sur les draps avec épuisement. Rien d'incomparable. Je pouvais enfin ressentir ce qu'était le plaisir après l'amour. J'étais cruel certes. Ce n'était pas la faute à Ida après tout. Juste la mienne. D'ailleurs je ne prenais pas de plaisir à lui mentir loin de là. Un soupir d'extase s'échappa de la pièce. "Tu devrais être moins bruyant Gaby ta sœur risque de t'entendre." Son rire cristallin résonna le long des murs. Il m'observa de ses deux yeux bleus avant d'ajouter péniblement. "Tu devrais t'en inquiéter visiblement." Étrangement je m'en inquiétais pas plus que cela. A vrai dire, j'avais d'avantage peur que Ida commette quelque chose d’irréparable en découvrant son jeune frère dans le lit de son amant. "Tu as raison je devrais sans doute lui dire la vérité. Après tout rien ne m'oblige à continuer cette pathétique mascarade." Gaby se releva rapidement et d'un geste brusque enfila son pantalon qui traînait sur le sol de la chambre. "Sache que ma famille m'oblige à consulter un prêtre soit disant pour faire disparaître le mal qui est en moi. Et ma sœur à été la première à insister sur cette idée grotesque. Depuis je dois me forcer à embrasser des femmes à pleine bouche pour leur simple bonheur. Alors franchement je te vois mal dans une église en train de murmurer à un prêtre "Pardon j'ai péché mon seigneur." Mais tu as raison un jour tout se saura. Et lorsque tout se sera je veux être loin d'ici Thésée." Comment pouvait-on être aussi ignorant ? Comme-ci l'homosexualité se guérissait par de simples paroles bibliques. "Tu seras loin d'ici Gaby. Ne t'en inquiète guère. Je suis navré pour tout ce qui t'arrive. Mais contrairement à toi lorsque tout arrivera je ne serais pas là à me morfondre sur mon sort. Au contraire je serais plus que satisfais car je me sentirais enfin vivre." Sous ces belles paroles belliqueuses j'allumais pour la cinquième fois de la journée une cigarette afin d'atténuer le peu de remords qui me restait.